L'abandon animal, un fléau silencieux

Publié le 3 juillet 2025 à 18:00

Achats d’impulsion, cadeaux mal trouvés… la façon dont nous “consommons” les animaux de compagnie révèle une réalité troublante de notre société.

Les animaux de compagnie qui ne sont plus désirés sont soient jetés à la rue, laissés seuls dans des propriétés vacantes ou des zones reculées, soient déposés dans des refuges pour animaux, voir pire, attachés, jetés par dessus la grille ou déposés devant ces mêmes refuges. Cela est particulièrement vrai pendant la saison estivale, période où les propriétaires d'animaux décident d'abandonner pour partir en vacances l'esprit léger. 

Si 95 % des Français se disent choqués par l’abandon, et plus de 9 sur 10 souhaitent qu’il soit plus fermement condamné, la France reste pourtant tristement championne d’Europe des abandons.

Les chiffres font froid dans le dos : en 2023, 44 800 animaux ont été abandonnés et, depuis janvier, ce sont déjà 15 929 animaux qui ont trouvé refuge à la SPA.

 

Pourquoi en arrive-t-on là ? Les raisons sont multiples et souvent imbriquées :

🔸 Les difficultés financières, aggravées par l’inflation, expliquent environ 30 % des abandons : les propriétaires peinent à payer les soins vétérinaires, la nourriture ou même la litière.
🔸 Les adoptions impulsives, sans réelle préparation, représentent environ 25 % des cas : quand l’enthousiasme retombe et que la réalité quotidienne s’impose, abandonner devient, tristement, “une solution”.
🔸 Les déménagements et changements de vie comptent pour 15 % des abandons, faute de pouvoir emmener l’animal pour des raisons pratiques ou économiques.

Au-delà des chiffres, il faut parler de l’impact psychologique de l’abandon.
Un animal abandonné peut développer, au refuge, des troubles liés au choc émotionnel et à l’enfermement : stéréotypies, comportements défensifs, prostration, anorexie… Ces réactions peuvent gravement compromettre sa santé et rendre son adoption plus difficile, voire impossible.
Malgré tout le soin et l’attention des équipes, la vie en refuge ne remplace pas le confort, la stabilité et l’amour d’un foyer. Pour certains animaux fragiles (seniors, malades, animaux ayant subi des maltraitances), les séquelles peuvent être irréversibles, les condamnant à passer le reste de leur vie derrière les grilles, sans jamais connaître la chaleur d’un foyer.

Face à cela, la SPA tire la sonnette d’alarme avec un bilan 2024 préoccupant : moins d’adoptions (-6,4 % chez les chiens), alors même que les refuges sont saturés et continuent d’accueillir chaque année des milliers d’animaux abandonnés ou maltraités.
Au total, en 2024, plus de 44 000 animaux ont été pris en charge dans les 64 refuges et Maisons SPA : chiens, chats, NAC et animaux de ferme.

Et pourtant, une large majorité de Français affirme aimer et défendre la cause animale… Un paradoxe entre le discours et les actes, renforcé par une société où l’on peut encore acheter un animal comme on achète un objet, en quelques clics ou sur un coup de cœur en salon.

Rappelons quand même : qu’il s’agisse d’un problème de comportement, d’une difficulté financière temporaire, d’un déménagement ou d’une impossibilité ponctuelle de garde, il existe des solutions : éducateurs canins ou félins, comportementalistes, pensions, pet sitters, associations de protection animale et vétérinaires peuvent accompagner les propriétaires pour éviter la séparation.

La SPA poursuit sans relâche ses missions de sensibilisation, milite pour un encadrement plus strict des ventes et rappelle qu’adopter, c’est un engagement pour plusieurs années – et non un simple coup de cœur éphémère.
Aujourd’hui, l’abandon d’un animal domestique, considéré comme un acte de cruauté dans le code pénal, est puni jusqu’à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d’amende.

Mais au-delà des peines, c’est d’un réveil collectif dont nous avons besoin pour changer durablement notre regard sur les animaux et sortir de cette logique d’animal-objet”.